Datapress :
« la Mémoire de nos quotidiens »
Yves Gomrée,
véritable passionné de presse écrite, a archivé plus de vingt années
d’articles des différents quotidiens belges entre1980 et 2000. Une
mine d’informations qui porte un nom, l’asbl Datapress. Rencontre
C’est au
rez-de-chaussée d’une petite maison de la rue St Séverin, à deux
pas de la Place St Lambert qu’Yves Gomrée m’a accueilli dans le
cadre des recherches pour mon mémoire. Ce postier a consacré plus
de 20 années à collecter et trier les articles des différents quotidiens
belges. 20 années d’actualités rassemblées en plus d’un million
d’articles classés sur plus de 250 mètres de dossiers thématiques.
« J’avais remarqué qu’il n’existait pas vraiment de base de données
des articles de presse belge », confie Yves Gomrée, qui, entre 1980,
le début de son épopée, jusque l’an 2000 a consacré plus de 60
000 heures de travail à la constitution d’un véritable fond d’archives.
Un travail qui vingt années durant a occupé quotidiennement ce passionné.
« En empilant tous les journaux que je devais éplucher sur une année,
on arrive à la hauteur de la Tour Kennedy ! » (ndlr : la tour qui surplombe
la bibliothèque des Chiroux)
Un fonds de documentation exhaustif
En vingt ans,
pas un article n’a échappé à Yves Gomrée. « L’intérêt de cette
démarche, c’est de pouvoir encore maintenant comparer le traitement
de l’info entre les différents journaux et de suivre les sujets de
semaine en semaine, voire d’années en années. » ajoute-t-il,
« Je n’ai pas voulu faire moi-même des synthèses des différents
faits, pour rester objectif »… Et, par la même occasion, laisser
au lecteur le loisir de comparer le traitement d’un même fait par
des rédactions d’affinités politiques différentes, chose moins
aisée avec une recherche sur Internet. « Depuis les années 80, on
voit que les journaux se ressemblent de plus en plus et que des titres
engagés politiquement comme la Wallonie, le Peuple ou autres disparaissent
des kiosques. Même les articles des journaux actuels ont la plupart
du temps le même contenu. » Regrette le fondateur de l’asbl.
Tout un système de classement
Chaque article
est classé dans un dossier thématique (Energie, Emploi, Afrique …)
couvrant à chaque fois une quinzaine. « Si vous chercher un article
qui traite de la fermeture de telle usine et si vous avez la date exacte
de l’événement, il suffit d’ouvrir le bon dossier et vous le trouvez »
commente-t-il. Ce système de recherche, simple mais efficace, s’est
vu amélioré dans le courant des années 90 avec l’informatique où,
avec quelques bénévoles, il a commencé à encoder chaque article
par mots clés. Un travail fastidieux qui, même si les archives se
sont arrêtées en l’an 2000, continue encore aujourd’hui car pas
moins de 320 000 titres, sur le million d’articles récoltés, sont
répertoriés sur le site www.datapress.be « Attention, seuls les titres des articles
sont sur le site ! Nous ne pouvons pas en recopier le contenu, droits
d’auteur obligent » avertit-il. La consultation se fait uniquement
chez Datapress, sur rendez-vous.
Mis en ligne
depuis 1998, Le site s’adresse particulièrement aux étudiants à
la recherche d’infos d’époque pour un travail, mais aussi aux particuliers
souhaitant approfondir leurs connaissances ou se replonger dans les
actualités de l’alors. Le mode d’emploi est assez simple : Vous
faites la recherche sur le site Internet et puis vous venez avec la
liste des mots clés et le nom des différents classeurs. M. Gomrée
vous les dépouillera et vous laissera le temps d’éplucher les différents
articles sur le sujet, non sans vous en fournir d’autres détails
ou anecdotes glanées au fil de ce travail d’archiviste. « Parfois
il me suffit de relire l’un ou l’autre article pour me rappeler
l’ambiance du sujet et l’actualité de l’époque » commente-t-il.
Autant d’informations, qui, du moins dans mon cas, ont enrichi mes
recherches.
Une initiative 100% privée
La richesse
d’une telle initiative réside sans conteste dans la passion qu’Yves
Gomrée entretient dans ses archives. L’asbl Datapress est née du
hobby d’un particulier aidé par une poignée d’amis et elle ne
reçoit aucun subside public. « Mis à part quelques dons et des collaborations,
j’ai financé moi-même les abonnements de journaux et tous les dossiers
pour le classement. » Regrette un homme qui ne peut cacher une certaine
fierté en regardant ses étagères couvertes de dossier. Il regrette
également le peu d’engouement que provoque son travail. Etonnant,
vu la richesse qu’une recherche auprès de Datapress apporte à un
travail universitaire.
Laurent Renerken